Le 13 février 2025 à 14h00, Pierre-Louis Mayaux soutiendra son Habilitation à Diriger les Recherches (HDR) en Sciences Politiques.
La soutenance se déroulera à la fois en présentiel à la Maison Méditerranéenne des Sciences de l'Homme d’Aix-en-Provence en salle Paul-Albert Février et en distanciel via un lien qui vous sera transmis à votre demande (Pour cela, merci de contacter P.L. Mayaux)
Devant le jury composé de :
- Myriam Catusse, Directrice de recherche au CNRS (garante).
- Eve Fouilleux, Directrice de recherche au CNRS (rapportrice).
- Jacobo Grajales, Professeur de science politique à l’Université Paris I Panthéon Sorbonne.
- Patrick Le Galès, Directeur de recherche au CNRS.
- Peter Mollinga, Professeur en études du développement, Université de Londres (rapporteur).
- Mohamed Tozy, Professeur de science politique à l'Université d'Aix-Marseille (rapporteur).
Le dossier est composé de trois volumes :
Vol. 1 – Un mémoire de synthèse intitulé La légitimation dans tous ses États : de l’Amérique latine au Maghreb… et retour (56 p.)
Vol. 2- Un mémoire inédit intitulé Gouverner la pénurie. Crise de l’eau et politique des promesses au Maroc (301 p.)
Vol. 3 – Un recueil de travaux (323 p.)
Résumé du mémoire inédit :
Comment perpétuer un ordre social fondé sur l’abondance à l’heure de la pénurie ? En se penchant sur un demi-siècle de politiques de l’eau agricole au Maroc, ce manuscrit explore les modes de régulation du conflit social à l’heure de la raréfaction de l’eau, un processus aussi bien social que naturel. Il s’interroge, en particulier, sur la sous-contestation du monde hydro-agricole marocain, rapporté à l’intense activité protestataire que connaissent d’autres territoires et univers sociaux du pays : une paix sociale relative qui tranche nettement avec la thèse, internationalement dominante, des « conflits pour l’eau » que la raréfaction serait vouée à exacerber.
En empruntant les voies d’une sociologie régulationniste, néo-gramscienne de l’action publique, j’avance deux thèses principales. La première est que la maîtrise du conflit a été permise, jusqu’à aujourd’hui, par une modernisation flexible. Si elles se montrent toujours aussi modernisatrices, et clientélistes, les politiques hydro-agricoles se sont aussi faites -et selon des géométries éminemment variables- libérales, associatives et intégrées. Cette diversification a permis de ménager, de manière relativement souple et différenciée, une pluralité d’intérêts sociaux et de significations- illustrant par là les vertus politiquement conservatrices de la superposition institutionnelle.
La seconde hypothèse est que, parmi toutes les manières dont cette modernisation flexible régule le conflit social, les nombreuses promesses d’abondance qu’elle véhicule constituent un mécanisme central. La modernisation flexible tire son efficacité, aujourd’hui, moins de ses réalisations tangibles que de ses promesses distantes (promesses modernes, clientélaires, libérales, associatives, d’intégration) qui entretiennent la patience et les espoirs des gouvernés. L’enquête se veut donc une exploration de cette « légitimation par les promesses » qui constitue, depuis plusieurs années, le motif central de l’œuvre du sociologue Jens Beckert.
Au-delà du cas marocain, ces deux thèses voudraient nourrir l’analyse des nombreux « États hydrauliques » désormais sous stress hydrique : ces États pour lesquels la fourniture d’une eau toujours plus abondante a constitué, historiquement, une ressource essentielle de légitimation, et qui voient la possibilité de cette fourniture de plus en plus compromise à l’heure de la contraction matérielle du monde.