Soutenance Thèse - Analyse des innovations de mobilisation des ressources hydriques pour faire face à la pénurie d'eau dans les oasis : cas du bassin de Todgha (Maroc) - Yassine Khardi
Yassine KHARDI soutiendra sa thèse réalisée en co-tutelle (IAV-Hassan II & l'Institut Agro-Montpellier/ UMR G-EAU) et intitulée "Analyse des innovations de mobilisation des ressources hydriques pour faire face à la pénurie d'eau dans les oasis : cas du bassin de Todgha (Maroc)".
La soutenance aura lieu le jeudi 14 décembre à 14h30 à l'amphi Paul Pascon, IAV Hassan-II, Rabat, Maroc.
Il sera possible de suivre la thèse par visioconférence : https://us02web.zoom.us/j/83899515460?pwd=cER3THBmUnN1RUhEOGgyKzViZm4vdz09
Le jury sera composé de:
- Pr. Zahra Thomas, Institut Agro Rennes- Angers - France (Rapporteure)
- Pr. Insaf Mekki, Institut National de la Recherche en Génie Rural, Eaux et Forêts- Tunis, (Rapporteure)
- Pr. Mohamed El Amrani, Ecole Nationale d’Agriculture- Meknès (Examinateur)
- Pr. Ali Hammani, IAV Hassan II-Rabat (Directeur de thèse)
- Dr Sami Bouarfa, INRAE-Montpellier (Co-Directeur de thèse)
- Dr. Guillaume Lacombe, IAV-CIRAD (Invité)
- Dr Abdelilah Taky, IAV Hassan Il (Invité)
Résumé :
Le développement de l’agriculture irriguée dans les régions arides est souvent accompagné d’une exploitation intensive des eaux souterraines. Ce développement peut également être à l’origine de réallocations considérables de la ressource en eau de surface et souterraine à l’échelle du bassin versant. Cette thèse prend les innovations de mobilisation des eaux d’irrigation comme point d’entrée pour appréhender les pratiques d’adaptation au manque d’eau à l’échelle du territoire oasien Todgha-Ferkla au Sud-Est du Maroc et elle entreprend une concertation territoriale sur l’avenir de la gestion de l’eau moyennant une démarche participative. Deux innovations récemment introduites sur le territoire de Todgha-Ferkla ont été identifiées et analysées : (i) le captage des eaux de crues dans un bassin en terre pour la recharge de la nappe et l’irrigation à l’échelle de l’exploitation agricole ; (ii) l’association du système de khettara au pompage solaire dans la nappe sous-jacente dans les anciennes oasis. Des enquêtes de terrains, l’analyse d’images satellitaires, un suivi piézométrique multi-site et une modélisation analytique de la recharge ont été menés entre 2020 et 2023. En parallèle, un processus participatif impliquant un panel mixte d’acteurs a été conçu et mené afin d’établir un diagnostic factuel de la disponibilité des ressources en eau afin de coconstruire des solutions consensuelles pour une gestion durable de l’eau à l’échelle du territoire. Notre recherche a montré que l’usage conjugué des eaux de crues à l’échelle de l’exploitation agricole pour l’irrigation des palmiers dattiers et pour la recharge de la nappe permet de minimiser les pertes par évaporation. La modélisation analytique basée sur les mesures de terrain a montré que la recharge à partir du bassin de captage des crues a un effet sur la piézométrie spatialement et quantitativement très limité en raison de l’hydrogéologie de la zone. En outre, l’irrigation pourrait contribuer à la recharge de la nappe lorsqu’elle est prolongée sur plusieurs semaines grâce à l’arrivée de plusieurs crues rapprochées dans le temps. Quant à l’association du pompage par énergie solaire et du système traditionnel de la khettara, elle permet de sauvegarder l’accès et la gestion collective des eaux souterraines. Ainsi, l’organisation sociale autour de la ressource en eau souterraine est maintenue tant que la baisse accélérée des niveaux piézométriques ne ralentit pas le pompage provisoirement salvateur. L’analyse des innovations et les résultats de la concertation territoriale montrent que ce territoire est le siège d’une course à l’eau généralisée et non régulée, qui pourrait mettre en péril à terme toute forme d’agriculture, en premier lieu dans les parties les plus à l’aval du bassin versant. Les adaptations individuelles constatées apportent des améliorations locales mais restent tributaires des autres activités à l’échelle du bassin versant. La concertation territoriale révèle la nécessité de concevoir et de mettre en exergue un nouveau modèle de gouvernance de l’eau en vue d’assurer une gestion durable de ces oasis. De manière générale, la présente thèse contribue à la compréhension des pratiques d’irrigation et de leur mode de gestion dans le territoire oasien de Todgha-Ferkla et apporte des éléments de réflexion au débat national pour durabiliser la gestion de l’eau dans les oasis.
Mots clés : oasis, extensions agricoles, irrigation, recharge de la nappe, khettara, innovations, concertation territoriale, eau au Maroc
Abstract:
The development of irrigated agriculture in arid regions is often accompanied by intensive exploitation of groundwater. This development can also lead to significant reallocations of surface and groundwater resources at the watershed scale. This thesis takes innovations of irrigation water mobilization as an entry point to understand adaptation practices to water scarcity at the scale of the Todgha Ferkla oasis territory in Southeastern Morocco. It undertakes a territorial concertation about the future of water management through a participatory approach. Two recently introduced innovations in the Todgha-Ferkla territory have been identified and analysed: (i) Harvesting floodwaters in an earthen pond to recharge the aquifer and to irrigate a date-palm farm. (ii) Integrating solar-powered pumping into the existing khettara system in the traditional oases. Field surveys, satellite image analysis, piezometric monitoring, and analytical modelling were conducted between 2020 and 2023. In parallel, a participatory process involving a mixed panel of stakeholders was designed and carried out to establish a factual diagnosis of the current water resource situation and to co-create consensus solutions for sustainable water management at the territorial level. Our research has shown that the conjunctive use of floodwaters at the farm level for date palm irrigation and aquifer recharge minimizes evaporation losses from the studied floodwater harvesting pond. Field measurements combined with analytical modelling have shown that the spatial extent of recharge from the flood retention pond is limited in space and rate due to the hydrogeology of the area. Furthermore, over-irrigation could contribute to aquifer recharge in the case of prolonged irrigation due to the arrival of several floods close in time. As for the integration of solar-powered pumping into the downstream part of the existing khettara system, which includes transport and distribution structures and management rules, it helps to save the collective access and management of groundwater. Thus, the social organization around groundwater resources is maintained, as long as the accelerated decline in piezometric levels does not affect the temporarily saving pumping. The analysis of innovations and the results of the territorial consultation show that this territory is experiencing a generalised competition for water that could ultimately compromise all forms of agriculture in the downstream parts of the watershed if access to surface and groundwater is not regulated. The observed individual efforts led to local improvements but remain dependent on other activities at the watershed scale. Territorial concertation reveals the need to design and implement a new water governance model to ensure sustainable water management in these oases. In general, this thesis contributes to the understanding of irrigation practices and the current water management mode in the Todgha-Ferkla oasis territory and provides elements for consideration in the national debate on water management sustainability in the oases.
Keywords: oasis, agricultural extensions, irrigation, groundwater recharge, khettara, innovations, territorial concertation, water in Morocco.