La thèse en préparation vise à étudier et comparer la conception et la mise en œuvre de la politique de réutilisation des eaux usées traitées (REUT) pour l’irrigation agricole au Maroc et en Tunisie. Dans un contexte de stress hydrique, cette solution, présentée comme une alternative aux politiques traditionnelles d’augmentation de l’offre en eau (barrages, canaux, réservoirs), est très encouragée par de nombreux acteurs au niveau international et national. Dite « innovante », cette politique est toutefois loin d’être récente, datant des années 60 en Tunisie et des années 90 au Maroc. Malgré une formulation politique ambitieuse au niveau national, les résultats au niveau local restent à ce jour relativement modestes. Comment alors expliquer cette discordance observée dans les deux pays ? Les « mots » nationaux compteraient-ils plus que la mise en œuvre ? En adoptant une lecture sociologique de l’action publique, l’enjeu est d’analyser les conditions d’émergence et de diffusion au niveau international et national de cette politique, d’identifier les entrepreneurs politiques et leurs jeux d’influence et donc de mieux comprendre la relation entre savoir mobilisé, technique et pouvoir. Les dimensions institutionnelle et symbolique donnent aussi à voir les transformations induites à la mise en œuvre que ce soit dans les rapports sociaux, les dynamiques d’apprentissage et les stratégies discursives déployées.
Mots clés : Innovation, réutilisation des eaux usées (REUSE), gouvernance
Photos : Parcelle de luzerne irriguée à partir d'eaux usées épurées © Audrey Massot |