Résumé : En Tunisie, les performances de la gestion collective des périmètres irrigués par des associations d’usagers (les GDAs – Groupements de Développement Agricole) sont considérées comme médiocres. Mais les évaluations disponibles actuellement n’expliquent pas tous les facteurs à l’origine de cette dégradation progressive et n’abordent pas les conséquences qui en résultent pour la demande en eau agricole et le développement de l’irrigation individuelle. L’article développe une analyse des problèmes des GDAs et des causes de l’échec de cette gestion collective, en prenant comme cas d’étude 22 périmètres publics irrigués (PPI) situés sur l’aquifère de Kairouan, en Tunisie centrale.
L’analyse s’appuie sur des entretiens individuels avec les membres des GDAs mais également des représentants de l’administration en charge de l’agriculture locale (CRDA) et du conseil agricole (CTV) et aussi des enquêtes auprès des agriculteurs. A partir des données recueillies, nous avons construit une grille d’analyse des performances des GDAs. Cette grille permet de proposer une typologie des situations rencontrées et d’identifier les contraintes et les blocages qui expliquent ces faibles niveaux de performances. Au-delà de l’évaluation des performances des GDAs, nous nous intéressons spécifiquement aux conséquences de la dégradation de leur service en présence d’une nappe souterraine en libre accès. Nous voulons comprendre si l’expansion des forages privés est une cause ou conséquence du dysfonctionnement de la gestion collective dans la plaine de Kairouan.Nous expliciterons aussi l’interférence entre irrigation privée et irrigation collective, tout en essayant de comprendre les stratégies des irrigants en présence de deux sources d’eau : l’eau des GDAs et l’eau des forages privés.
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