L’étude du phénomène de salinisation des sols et des eaux de surface et souterraines dans ces zones côtières est un prisme particulièrement éclairant sur ces équilibres généraux. En effet, l’état de salinisation résulte des interactions et rétroactions entre des processus naturels (intrusion d’eau marine, présence de lentilles d’eau douce et de nappes saumâtres, débordement des cours d’eau, évapotranspiration des couverts, remontées capillaires, infiltration, percolation, lixiviation) et des actions d’origine anthropique (irrigation, submersion, drainage). L’enjeu pour de nombreuses zones littorales consiste à établir des modes de gestion des eaux, des sols et des écosystèmes capables de maintenir des usages attendus, d’en assurer de nouveaux et de préserver les milieux naturels. Les situations de crises liées à la salinisation (mortalité de la végétation, augmentation de la salinité des eaux) sont souvent révélatrices de déséquilibres induits par des changements de climat (baisse et modification de la répartition temporelle de la pluviométrie, augmentation du déficit hydrique climatique, hausse du niveau des mers) et/ou d’accès aux ressources en eau (partages entre prélèvements d’eau, accès à des ressources hors bassin versant) et/ou de configuration des espaces (remembrements agricoles, imperméabilisation, construction ou effacement d’ouvrages).
L’enjeu de cette thèse de doctorat est d’analyser et d’évaluer l’adaptation des socio-hydro-écosystèmes côtiers aux changements globaux au travers des dynamiques hydrosalines de l’échelle locale à l’échelle du territoire, sur un cycle annuel et sur des temps longs.
Ce projet sera mené sur le territoire à forts enjeux des basses-plaines de l’Aude qui offre une diversité de processus et de logiques d’action à l’origine de la salinisation des sols et des eaux et un ancrage important avec les différents acteurs du territoire par rapport à la problématique. Les travaux de recherche pourront bénéficier des diagnostics et des bases de données (eau, sol, végétation, pratiques agricoles) acquises dans le cadre du projet collaboratif SALIN (2019-2022) et du soutien du projet SALIN 2 (2024-2028) menée en partenariat entre l’Institut Agro Montpellier, le BRGM, l’agglomération du Grand Narbonne et du Parc Naturel Régional de la Narbonnaise et en collaboration avec la Chambre d’Agriculture de l’Aude, la Tour du Valat et le Conservatoire Botanique National Méditerranéen.
Mots clés : interactions eau-sol-plante, communautés végétales, gestion de l’eau, continuum agriculture-espaces naturels, trajectoires