2021 - Pollutions, vies altérées et nouvelles socialités chimiques - Christelle Gramaglia

Christelle Gramaglia a soutenu son Habilitation à Diriger les Recherches intitulée « Pollutions, vies altérées et nouvelles socialités chimiques »

La soutenance a eu lieu à l’Université de St Etienne le 23 juin 2021 à 14h devant le jury suivant :

  • Madeleine Akrich (rapportrice),
  • Soraya Boudia (examinatrice),
  • Florian Charvolin (garant),
  • Hervé Flanquart (examinateur)
  • Sophie Houdart (rapportrice).

 

Résumé : Ce mémoire est consacré aux pollutions et à leurs conséquences sur l’habitabilité des milieux soumis à de fortes pressions industrielles. Il s’appuie sur une série d’enquêtes conduites en France (Viviez, Salindres, Fos-sur-Mer et Port-Saint-Louis du Rhône), en Espagne (Sierra Minera de Carthagène) et au Portugal (Esterreja) auprès de riverains d’usines et d’anciennes mines. Elle y décrit la manière dont des substances chimiques sont rendues capables d’induire des perturbations parfaitement perceptibles, avant même qu’elles ne soient en mesure de causer des problèmes de santé. Elle explique que l’accent, habituellement mis, sur le caractère invisible des pollutions conduit à disqualifier les savoirs des habitants, au profit des experts. Elle insiste, au contraire, sur la matérialité des résidus concernés, qui deviennent tangibles quand ils s’accumulent, et de ce fait, reconnaissables par les profanes. Elle montre qu’ils leur imposent une cohabitation forcée, génératrice d’altervies. Elle emprunte ce terme à l’historienne Michelle Murphy pour désigner des vie humaines et non humaines altérées, et transformées par les pollutions, au sens de connectées de différentes manières aux paysages, à la production et à la consommation. Elle se donne pour tâche de les documenter avec l’intention de repenser, plus largement, notre condition d’habitants de l’anthropocène.

 

Après un chapitre de cadrage théorique (1) son propos se décline en quatre parties empiriques. (2) D’abord, elle traite des expériences sensibles de la catastrophe chronique. Elle raconte comment les pollutions se manifestent au quotidien, affectant les relations sociales et écologiques constitutives de milieux particuliers. (3) Elle indique toutefois que dans les sites étudiés, leurs effets corrosifs sont limités : rares sont les habitants des villes industrielles visitées qui souhaitent déménager à cause des risques environnementaux et sanitaires. La plupart évoquent des attachements forts qui les lient, non pas seulement à des lieux ou à leurs proches, mais à des assemblages singuliers d’êtres et de choses qui les obligent. Cela permet de pointer un certain nombre de pratiques qui s’apparentent à des soins dont l’objectif est de réparer les assemblages abimés. (4) A un autre niveau, elle note que certains habitants déploient des ethnométhodes leur permettant de vivre avec la menace. Il s’agit de tactiques bricolées destinées à réduire l’exposition aux pollutions, sans remettre en cause des habitudes et des loisirs prisés, supports d’une sociabilité plus qu’humaine étendue. Elle ne juge pas de l’efficacité de ces arts de faire, mais constate seulement qu’ils nous renseignent sur les contraintes et les coûts générés par l’intrusion mal contrôlée de résidus industriels dans les milieux habités. Ils signalent aussi le manque d’informations sur les risques, adaptées aux territoires productifs. Ils nous invitent enfin à reconsidérer les savoirs des habitants pour définir des façons de les gérer plus précautionneuses. (5) Ce mémoire se termine d’ailleurs en évoquant des expérimentations scientifiques, citoyennes et multispécifiques novatrices, susceptibles de produire d’autres savoirs sur les pollutions, à la fois situés et responsables. Il nous offre ainsi des pistes pour imaginer des stratégies de récupération collaborative.

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