- Mme Laure LATRUFFE, Directrice de recherche, Université de Bordeaux (Rapporteure)
- M. Noël THIOMBIANO, Professeur agrégé, Université
- Thomas SANKARA (Rapporteur)
- M. Patrick DUGUÉ, Chargé de recherche, CIRAD Montpellier (Examinateur)
- M. Tristan LE COTTY, HDR, CIRAD Montpellier (Examinateur)
- M. Arnaud REYNAUD, Directeur de recherche, Toulouse School of Economics (Examinateur)
- Mme Marielle MONTGINOUL, Directrice de recherche, INRAE - UMR G-Eau (Directrice de Thèse)
- M. Bruno BARBIER, Chargé de recherche, CIRAD - UMR G-Eau (co-encadrant)
Résumé :
© Bruno BARBIER - Bassin de stockage de l'eau pour l'irrigation complémentaire au Burkina Faso
En Afrique subsaharienne, l’adoption des innovations agricoles demeure faible, ce que beaucoup considèrent comme la principale cause de la faible productivité agricole, de l’insécurité alimentaire et de la vulnérabilité. L’agriculture africaine est fragilisée par la grande variabilité pluviométrique et par la progressive dégradation des sols. Les freins à cette adoption ont fait l’objet de nombreuses investigations, mais les facteurs habituellement avancés, de nature socioéconomique, comme l’éducation ou l’accès au crédit, expliquent souvent mal les différences d’adoption. Plusieurs observateurs soupçonnent que le contexte culturel et les facteurs psychosociaux contribuent à expliquer cette situation. La présente recherche vise à améliorer cette compréhension du comportement des agriculteurs face aux innovations, en déterminant l’effet de ces facteurs dans la décision des agriculteurs. Pour ce faire, cette recherche s’est intéressée à une innovation considérée prometteuse, au centre des initiatives agricoles dans certains pays sahéliens, particulièrement au Burkina Faso : l’irrigation de complément à partir des bassins de collecte des eaux de ruissellement des pluies (BCER). Elle vise à sécuriser les cultures face aux déficits hydriques lors des séquences de sécheresse en saison pluvieuse. Les enquêtes de terrain ont été réalisées en deux étapes. La première a consisté à rencontrer trois types d’acteurs : 2 tenants des us et coutumes ; 16 acteurs institutionnels et 33 agriculteurs qui ont finalisé le creusement de leur bassin. Cette première enquête semi-structurée a permis d’élaborer le questionnaire de la seconde, qui, celle-ci quantitative, a été conduite auprès de 315 agriculteurs, dont 128 adoptants. Les données collectées ont été analysées à travers une approche hybride, inspirée de l’économie, la psychologie et la sociologie. Ces données ont permis de caractériser la représentation sociale de l’innovation pour l’ensemble des acteurs et d’identifier les principaux facteurs pouvant influencer la décision des agriculteurs. Les résultats ont d’abord montré que les agriculteurs ont en général une intention plutôt favorable à l’adoption de cette innovation. Les acteurs institutionnels contribuent à renforcer cette intention, en agissant sur les normes sociales et les comportements contrôlés des agriculteurs. Toutefois, contrairement aux attentes des acteurs institutionnels qui visent la sécurité alimentaire, donc plutôt la production de céréales, les agriculteurs préfèrent utiliser l’irrigation de complément pour les cultures de rentes, telles que les légumes. Les résultats indiquent également que les facteurs psychosociaux exercent une grande influence sur la décision des agriculteurs. Ainsi, la peur de perdre du prestige social en cas d’échec contribue à limiter le passage d’une intention favorable à l’adoption à une réelle adoption.
Mots clés: Adoption d’innovations, Agriculteurs, Institutions, Irrigation, Perceptions, Préférences.