Résumé : La prolifération des pollutions (industrielles ou agricoles) multiplie les situations d'exposition. Dans certains cas, des interdictions d'usage ou de consommation peuvent être édictées par les autorités qui imposent des servitudes. Dans d'autres, seules des recommendations sont formulées - à la libre appréciation des riverains. Bien que l'adaptation aux pollutions en tant que proposition puisse choquer, nous sommes de fait placés en situation "d'adaptation" quand il s'agit de composer avec des environnements et ressources dégradées (ex. alertes récentes sur les PFAS ou encore le PVC dans l'eau potable). Cette présentation s'appuie sur la comparaison de deux études de cas, à Fos-sur-Mer et Estarreja (Portugal) pour discuter de la manière dont les riverains font avec les pollutions, notamment en l'absence de recommendations sanitaires claires. Elle propose de dépasser les acceptions courantes de la notion d'adaptation comme acceptation, au profit d'une compréhension à visées à la fois précautionneuses et transformatives.
Résumé : La récente réhabilitation des périmètres irrigués dans la province de Battambang, au Cambodge, s'est accompagnée d'une intensification de la riziculture, marquée par l'usage accru de la chimie et la mécanisation. Ce processus a conduit à une hausse de la production, mais aussi à l'émergence d'externalités négatives sur les plans social, économique et environnemental. Une transition vers des systèmes agroécologiques, par exemple en favorisant la préservation des sols et la diversification des cultures, pourrait atténuer ces impacts. Toutefois, il est nécessaire de questionner dans quelle mesure l'accès à l'irrigation et l'organisation locale de la filière rizicole peuvent freiner ou, au contraire, faciliter de telles évolutions. Pour explorer ces enjeux, des outils méthodologiques variés, incluant des enquêtes qualitatives et des ateliers participatifs sous forme de jeux sérieux avec les différents acteurs de la filière, seront mis en œuvre.
Lors du Vendredi Découverte du 21 février 2025, Claire Richert nous a présenté ses travaux intitulés "Sait-on si les Outils d'Aide à la Décision pour l'irrigation sont utiles ? Une méta-analyse".
Résumé : Les Outils d'Aide à la Décision pour l'irrigation (OADi) sont conçus pour aider les agriculteurs à planifier l'irrigation. Ils se présentent sous la forme d'applications, qui peuvent être reliées à différents types de capteurs (humidité du sol, température de la canopée). Les OADi sont promus par des politiques publiques : en France par exemple, l'utilisation d'un OADi facilite l'obtention du label Haute Valeur Environnementale.
Cependant, il n'existait pas jusqu'à présent de vue d'ensemble de leur utilité, définie ici comme leur capacité à répondre à un besoin. Je présenterai une méta-analyse des études qui déclarent évaluer un OADi. Cette méta-analyse avait deux objectifs principaux : Identifier les besoins auxquels les OADi sont censés répondre, selon les chercheurs qui écrivent sur ce sujet. sélectionner le besoin le plus fréquemment cité et estimer le niveau de preuve apporté par les études existantes quant au fait que les OADi permettent ou non de répondre à ce besoin. Une première version de l'article qui présente cette méta-analyse a été rédigée.
Vos remarques pourront être prise en compte à l'issue de la présentation pour améliorer l'article avant sa soumission.
Le vendredi 28 février 2025 à 11h00, Christina Orieschnig est intervenue sur la thématique suivante : "Getting Involved in International Hydrological Organisations from IAHS to EGU"
Résumé : Becoming active in international hydrological organisations is a fantastic way of making new connections, finding projects to contribute to, building collaborations, and expanding your horizons. During this Vendredi Découverte we will be taking a look at all the different ways of getting involved in organisations like the International Association of Hydrological Sciences (IAHS), the European Geosciences Union (EGU), and the Young Hydrologic Society (YHS). Whether as an Early Career Scientist (ECS), or as a working group member for the new IAHS scientific decade, we'll explore how you can contribute, benefit, and extend your network.
Le 13 février 2025 à 14h00, Pierre-Louis Mayaux a soutenu son Habilitation à Diriger les Recherches (HDR) en Sciences Politiques intitulée "Gouverner la pénurie. Crise de l’eau et politique des promesses au Maroc".
La soutenance s'est déroulée à la Maison Méditerranéenne des Sciences de l'Homme d’Aix-en-Provence en salle Paul-Albert Février,
Devant le jury composé de :
- Myriam Catusse, Directrice de recherche au CNRS (garante).
- Eve Fouilleux, Directrice de recherche au CNRS (rapportrice).
- Jacobo Grajales, Professeur de science politique à l’Université Paris I Panthéon Sorbonne.
- Patrick Le Galès, Directeur de recherche au CNRS.
- Peter Mollinga, Professeur en études du développement, Université de Londres (rapporteur).
- Mohamed Tozy, Professeur de science politique à l'Université d'Aix-Marseille (rapporteur).
Le dossier est composé de trois volumes :
Vol. 1 – Un mémoire de synthèse intitulé La légitimation dans tous ses États : de l’Amérique latine au Maghreb… et retour (56 p.)
Vol. 2 – Un mémoire inédit intitulé Gouverner la pénurie. Crise de l’eau et politique des promesses au Maroc (301 p.)
Vol. 3 – Un recueil de travaux (323 p.)
Résumé du mémoire inédit :
Comment perpétuer un ordre social fondé sur l’abondance à l’heure de la pénurie ? En se penchant sur un demi-siècle de politiques de l’eau agricole au Maroc, ce manuscrit explore les modes de régulation du conflit social à l’heure de la raréfaction de l’eau, un processus aussi bien social que naturel. Il s’interroge, en particulier, sur la sous-contestation du monde hydro-agricole marocain, rapporté à l’intense activité protestataire que connaissent d’autres territoires et univers sociaux du pays : une paix sociale relative qui tranche nettement avec la thèse, internationalement dominante, des « conflits pour l’eau » que la raréfaction serait vouée à exacerber.
En empruntant les voies d’une sociologie régulationniste, néo-gramscienne de l’action publique, j’avance deux thèses principales. La première est que la maîtrise du conflit a été permise, jusqu’à aujourd’hui, par une modernisation flexible. Si elles se montrent toujours aussi modernisatrices, et clientélistes, les politiques hydro-agricoles se sont aussi faites -et selon des géométries éminemment variables- libérales, associatives et intégrées. Cette diversification a permis de ménager, de manière relativement souple et différenciée, une pluralité d’intérêts sociaux et de significations- illustrant par là les vertus politiquement conservatrices de la superposition institutionnelle.
La seconde hypothèse est que, parmi toutes les manières dont cette modernisation flexible régule le conflit social, les nombreuses promesses d’abondance qu’elle véhicule constituent un mécanisme central. La modernisation flexible tire son efficacité, aujourd’hui, moins de ses réalisations tangibles que de ses promesses distantes (promesses modernes, clientélaires, libérales, associatives, d’intégration) qui entretiennent la patience et les espoirs des gouvernés. L’enquête se veut donc une exploration de cette « légitimation par les promesses » qui constitue, depuis plusieurs années, le motif central de l’œuvre du sociologue Jens Beckert.
Au-delà du cas marocain, ces deux thèses voudraient nourrir l’analyse des nombreux « États hydrauliques » désormais sous stress hydrique : ces États pour lesquels la fourniture d’une eau toujours plus abondante a constitué, historiquement, une ressource essentielle de légitimation, et qui voient la possibilité de cette fourniture de plus en plus compromise à l’heure de la contraction matérielle du monde.
Lors du Vendredi Découverte du 14 février 2025, Marcel Kuper nous a présentéses travaux intitulés "Sous le soleil : adaptations historiques et contemporaines de sociétés en milieu désertique".
Lors du Vendredi Découverte du 07 février 2025, Pauline Brémond nous a présenté ses travaux intitulés "Has the paradigm shift in flood management from protection to adaptation taken place? The case of the Rhône Plan".
Lors du Vendredi Découverte du 31 janvier 2025, Sylvain Barone et Laura Michel nous ont présenté leurs travaux intitulés "L'adaptation au changement climatique face à l'épreuve du politique - la gouvernance des risques littoraux en France et en Californie"
Résumé :
Dans un contexte où l'élévation du niveau de la mer accentue l'érosion côtière et les effets des submersions marines, comment les sociétés s'adaptent-elles aux risques littoraux ? De nombreux travaux soulignent les difficultés d'adaptation en mettant l'accent sur les « barrières » existantes (notamment physiques, environnementales, économiques, technologiques et politiques). Notre hypothèse est que l'élaboration des politiques d'adaptation dépend largement, au-delà des différents types de « contraintes » qui pèsent sur elles, de variables institutionnelles et politiques « lourdes » propres à chaque contexte. Pour tester cette hypothèse, nous comparons deux pays, la France et les Etats-Unis (Californie), érigés en modèles politiques que la littérature oppose depuis Tocqueville, notamment en ce qui concerne la place et le rôle de l'Etat et du marché, ou encore la conception de la citoyenneté. Notre enquête de terrain montre que ces deux cas présentent certaines convergences, que ce soit dans les paradigmes de gestion des risques littoraux, les types d’organisations impliquées dans cette gestion, ou du point de vue de la complexité de la gouvernance sur cette question. Ils présentent en même temps d’importantes divergences, en termes notamment de cadrage des problèmes, d’instrumentation de l’action publique, et dans la façon de concevoir les destinataires des programmes d’intervention. Quelles leçons empiriques et théoriques tirer, finalement, de cette comparaison ?
L’agriculture de conservation des sols (ACS) représente une voie d’adaptation des systèmes agricoles aux effets du changement climatique (CC) et peut permettre de contribuer à son atténuation, notamment par un stockage de C dans les sols.
Lors du Vendredi Découverte du 24 janvier 2025, Nicolas Faysse et Jean-Daniel Rinaudo nous ont présenté leurs travaux intitulés "Accompagner une dynamique collective pour mieux comprendre un aquifère et organiser sa gestion : l’expérience du projet e-Groundwater au Maroc"
Résumé :
Au Maroc, de nombreuses régions font face à une sévère crise de surexploitation des eaux souterraines. Les contrats de nappe, prévus depuis des années, peinent à se mettre en place, du fait souvent de difficultés d’organiser une réelle implication des agriculteurs. Dans le cadre du projet eGroundwater (financement Prima), un ensemble d’activités ont été conduites sur une région de taille limitée au Maroc, pour accompagner l’initiation d’une dynamique collective vers une gestion de la nappe. Ces activités ont compris notamment un dispositif de « science citoyenne » de suivi des niveaux piézométriques, et un processus d’élaboration du contenu d’un contrat de nappe avec une réelle implication des parties prenantes. Un collectif d’agriculteurs s’est fortement engagé dans la démarche, malgré à la fois une forte diversité en termes de tailles d’exploitation et de fortes tensions politiques au niveau local. Huit ateliers multiacteurs ont eu lieu et 4 associations se sont structurées pour participer à la gestion de la nappe. L’agence de bassin s’est elle aussi fortement impliquée durant le projet, et est amenée à prendre le leadership pour concrétiser le contrat de nappe.





