
Pourquoi raconter des histoires ? Un engagement pour une reconnaissance de la diversité. Pour l’heure, l’eau comme ressource, flux ou stock rythme un discours dominant quand il s’agit de parler d’eau qui justifie encore souvent une forme de solutionnisme comme alternative pour régler le désastre à venir (bassines, dessalement). Raconter l’eau autrement, à travers des histoires ancrées et locales, s’explique par l’envie de prendre le contre-pied à cela, d’amener de la diversité et de la pluralité dans les manières de penser l’eau et son devenir. L’équipe Histoires Discrètes se propose de « créer des versions » (Stengers and Despret 2013) de ce qu’est l’eau pour revenir au problème (pénurie, pollution, salinisation, etc.) et non de concentrer son attention sur la solution. Le parti pris est de « prendre au sérieux » les manières de connaître, de voir, de faire, qui ne le sont pas afin d’éviter de reconduire une pensée dominante et de participer à penser l’universalité à partir des singularités. Si notre posture peut être critique, elle n’est pas que cela car le recueil d’histoires discrètes est vu comme une opportunité de trouver des pistes de transformation (Stengers 2013) en étant à l’écoute des surprises et des découvertes du terrain, en « prenant soin de ce qu’on a pu y découvrir » (Tsing 2015).
L’ambition de cette équipe est collective. Sa création est motivée par l’envie de créer un « nous », et de mettre nos échanges au service du processus de création pour raconter des histoires discrètes de l’eau. Elle revendique aussi un certain engagement, à vouloir déranger et fissurer l’établi, en somme « à faire des histoires » (Stengers and Despret 2013). L’ambition de ce « nous » est de maintenir une bulle de respiration collective, en mettant au centre de nos réflexions ce qui compte vraiment pour nous, en multipliant les modèles narratifs possibles sur l’eau pour commencer « de nouveau » à transformer notre rapport aux choses (Ibid). Un « nous » qui nous permet d’apprendre à faire de ces histoires quelque chose de transformateur.
Ainsi, l’ambition de l’équipe « Histoires discrètes » est d’échanger autour des histoires qui comptent pour nous et d’apprendre à réfléchir ensemble à la manière de construire de l’universalité à partir d’histoires très localisées.
Raconter quelles histoires ? Toutes.
Les histoires racontées n’ont pas de contours a priori. Cela peut être des histoires déjà connue qu’il s’agit de « re-susciter » pour en fournir de nouvelles versions, pour les complexifier, y introduire des nouvelles figures et de manière de penser (Stengers and Despret 2013). Les protagonistes sont celles et ceux qui ne sont pas les « héros » déjà connus (Le Guin and Haraway 2019). Cela peut être des histoires du passé ou contemporaines. Elles peuvent concerner des eaux de toute sorte : sale, polluée, salée, abondante, manquante, souterraine, en tuyaux, modélisées... Les problèmes peuvent être de nature variée : pénurie, risque, environnementaux…, tout comme les objets concernés : puits, canaux, piézomètres, jeux sérieux… L’idée étant de donner de l’importance à l’ordinaire et à l’incarné mais aussi à l’exceptionnel.
Comment raconter les histoires ? De toutes les manières. A l’heure de l’anthropocène, les manières d’écrire en sciences sociales se renouvellent. Le récit peut soutenir des histoires aussi bien réelles que de fiction (Despret 2021). D’autres formes de narration existent, visuelles ou sonores (de type podcasts, vidéos, webdoc). Elles peuvent aussi reposer sur des formes d’expression comme le théâtre-forum ou la photographie. L’idée de sortir du texte ou des codes via des écritures alternatives sous-tend l’idée de créer des espaces d’intelligibilité des histoires racontées (Uhl 2015).
Animation : réunions, groupes de travail et ateliers d'écriture
Animatrice d'équipe : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. avec l'appui de Jeanne, Bruno et Marcel





