Les infrastructures agro-écologiques sont des éléments paysagers semi-naturels pourvoyeurs de services et disservices écosystémiques. Dans les agrosystèmes méditerranéens, les fossés agricoles et canaux d’irrigation fournissent des services « éco-hydrauliques » reposant sur des interactions entre végétation et processus de transport d’eau, de sédiments et de propagules végétales (graines). Les pratiques d’entretien visant à restaurer la capacité de transport hydraulique de ces infrastructures sont susceptibles de modifier l’expression de ces services. Cependant, les interactions entre pratiques, traits du couvert végétal et services écosystémiques rendus par ces infrastructures sont encore peu caractérisées. L’objectif du travail de thèse était de comprendre dans quelle mesure les pratiques d’entretien des canaux et fossés, en termes de typologie, mais également de temporalité et de localisation, modulent les services rendus par la végétation. La démarche s’appuie sur la construction d’un modèle représentant explicitement le réseau hydraulique, et dont le fonctionnement est simulé pour des événements de référence sur l’horizon temporel considéré. Le modèle repose sur des formalismes semi-empiriques permettant de prendre en compte l’effet des traits de végétation sur les processus de transport, et notamment leur effet dynamique sur la résistance hydraulique à l’écoulement. Il a été paramétré à partir d’expériences au champ réalisées sur deux terrains agricoles méditerranéens. Ces expériences ont visé à : (i) caractériser l’influence de différents facteurs géomorphologiques et des pratiques d’entretien sur la distribution spatiale des communautés végétales des fossés et de leurs traits (ii) identifier les facteurs impliqués dans le transport et le dépôt de propagules lors d’un événement hydraulique. Les travaux expérimentaux montrent que les pratiques d’entretien modulent à court-terme la dynamique du couvert végétal, mais que la distribution spatiale des espèces (et donc des traits du couvert végétal) répond dans une large mesure à des facteurs géomorphologiques. Les travaux expérimentaux ont également permis d’améliorer notre compréhension de certains processus-clefs des canaux et fossés, en particulier de la dispersion de propagules, et de développer une méthodologie de relocalisation des propagules dans les cours d’eau intermittents. Le modèle spatialisé, intégrant les principaux résultats expérimentaux à l’échelle du bassin versant, a permis une hiérarchisation de l’impact des pratiques vis-à-vis du bouquet de services rendu par la végétation des fossés agricoles. La fauche assure le meilleur compromis entre services à court et moyen-terme, bien qu’elle soit temporairement défavorable à la rétention de sédiments et de graines, ainsi qu’à la stabilisation des berges, au début de l’automne. La démarche semi-empirique développée amène à se réinterroger sur le niveau de description des processus et les indicateurs nécessaires à l’évaluation des services dans des écosystèmes aux interactions complexes.

Le ministère tunisien de l’Agriculture et sa direction générale de l’Aménagement et la conservation des terres agricoles (DGACTA) ont lancé un Programme d'Adaptation au Changement climatique des TErritoires ruraux de Tunisie (PACTE), sur financement de l’Agence Française de Développement. Les UMR G-eau et TETIS apportent un appui méthodologique et de terrain à la mise en œuvre de ce programme dans 5 gouvernorats de Tunisie, en lien avec leurs partenaires tunisiens de l’INAT (Institut National Agronomique de Tunisie) et de l’INRGREF (Institut National de Recherche en Génie Rural et Eaux & Forêts).

Séverine TOMAS a soutenu son Habilitation à Diriger les Recherches intitulée "Ecoulements complexes et irrigation" le 3 avril 2019 à 14h30  à l'amphi 208  de SupAgro (Cœur d’École - 1er étage - Bât 9 - 2 place Pierre Viala - 34060 Montpellier).

 

Devant le jury composé de :

  • ANSELMET Fabien (examinateur) : Professeur IRPHE-ECM, Marseille
  • BELAUD Gilles (invité) : Professeur Supagro, Montpellier
  • BOUARFA Sami (invité) : HDR Irstea, Montpellier
  • DANAILA Luminita (examinateur) : Professeur CORIA, Rouen
  • EIFF Olivier (examinateur) : Professeur KIT- IfH, Karlsruhe, Allemagne
  • MATAS Jean-Philippe (rapporteur) : Professeur LMFA – Univ. Lyon I
  • PLAYAN Enrique (rapporteur) : Professeur CSIC, Saragosse, Espagne
  • ROIG Véronique (rapporteur) : Professeur IMFT – INPT, Toulouse
  • SIMONIN Olivier (examinateur) : Professeur – Président INPT, Toulouse

Résumé :

Il est nécessaire de mieux comprendre les mécanismes physiques liés à l’irrigation pour garantir une gestion de l’irrigation plus efficiente afin de réduire l’impact des activités humaines sur la consommation des ressources naturelles et la dégradation des milieux. La mécanique des fluides et en particulier l’étude des écoulements complexes permet alors de traiter des questions de recherche à l’interface d’autres disciplines (hydraulique, génie des procédés, mécanique, modélisation des bilans hydriques et des transferts dans le sol, ingénierie des matériels d’irrigation, efficience à la parcelle).

 

Cette synthèse présente comment la compréhension des écoulements complexes (diphasiques, millimétriques en interaction avec des processus physico-chimiques) permet d’adresser des problématiques de recherches plus globales. La diversité des outils et des approches numériques et expérimentales est à la fois stimulante et enrichissante : par exemple conduire et réaliser des études en laboratoire puis in-situ afin de valider des modèles numériques permettant de simuler entre autres l’hydrodynamique des systèmes d’irrigation et la dispersion atmosphérique de fines gouttelettes.

 

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Cela requiert de s’intéresser à de larges problématiques de recherches depuis l’échelle des processus (paramétrer les flux turbulents de chaleur, caractériser l’atomisation d’un spray à très hauts nombres de Reynolds et Weber, analyser la structure d’un écoulement milli-fluidique et tortueux) jusqu’au cas réel (analyser la dérive et le transport in situ dans le cadre de l’aspersion avec des eaux usées traitées, comprendre les mécanismes de colmatage ou le développement de biofilms). Les perspectives à ces travaux impliquent tant des activités à moyen terme, dans le cadre d’activités déjà en cours, que des développements sur le long terme associés à des enjeux de société importants liés à la ressource en eau.

La gestion de l'eau se prête facilement aux indignations morales et politiques. Qu'à l'heure actuelle, 2,1 milliards d'êtres humains n'aient toujours pas accès à l'eau potable à leur domicile, ou que 3 millions d'enfants meurent chaque année de maladies liées à l'eau, soulève de lourds questionnements sur l'incapacité collective à gérer efficacement une ressource aussi vitale pour le plus grand nombre...

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Les organisations internationales et les scientifiques mettent en avant l’eau comme un enjeu stratégique pour le développement économique de la région méditerranéenne. Cette région est caractérisée par un déclin important et continu des ressources, ce que soit en termes de quantité ou de qualité et d’une augmentation de la demande, caractérisée par un poids des activités agricoles importants (70-80%). Cette situation est exacerbée dans le sud de la Méditerranée où les spécificités du climat (fréquentes sécheresses) combinées aux activités humaines augmentent les risques de crise. L’équilibre fragile entre ressources et usages est actuellement menacé notamment par les changements profonds et rapides de l’agriculture dans cette partie de la Méditerranée.

Les systèmes agricoles irrigués et améliorés des basses terres n'entraînent pas une augmentation significative de la résilience et de la sécurité alimentaire des petits exploitants ,ni un moteur de la croissance économique en Afrique de l'Ouest. Cependant, les avantages potentiels des systèmes agricoles gérés par l'eau sont énormes en Afriques de l'Ouest. L'agriculture irriguée accroît l'intensité, la diversité et la productivité des cultures, elle contribue au développement des marchés alimentaires et de l'agro-industrie, et crée des emplois; inversement, elle a des implications environnementales. On suppose ici que l'intensification durable des systèmes agricoles gérés par l'eau est la voie vers une agriculture nouvelle, dynamique, inclusive, axée sur le marché et la technologie. L'intensification durable n'est pas le fruit d'une technologie autonome, mais d'une combinaison de technologies et de gouvernance pour concevoir les systèmes de production les mieux adaptés aux conditions locales.

Le changement climatique va accroitre les tensions autour des usages de l’eau. Il oblige à développer une gestion éco-efficiente de l’eau et l’accès à de nouvelles ressources. Les agriculteurs devront apporter la preuve du bon usage de leurs prélèvements et du respect des engagements pris.

En contrepartie, ils peuvent espérer sécuriser leur accès à l’eau et bénéficier de la rémunération de leurs pratiques environnementales sous forme de PSE (Paiement pour Services Environnementaux) et à terme, via le prix de leurs productions.


Le projet consiste à concevoir et expérimenter RSEau, le service numérique de suivi et de pilotage des usages de l’eau et d’aide à l’irrigation éco-efficiente. Ce service interviendra comme tiers de confiance entre les différentes parties prenantes, agriculteurs, gestionnaires de l’eau, responsables des territoires et agro-industriels.


Le service RSEau vise à interfacer différents outils numériques existants chez ses partenaires pour assurer un pilotage de l’eau « de la nappe à la parcelle » et une valorisation optimale de l’eau, économique, environnementale et sociale. Son innovation majeure est de rendre possible une gestion dynamique de la ressource. Il rend possible des offres de services innovantes à même d’inciter des acteurs publics et privés à contractualiser sur les usages de l’eau, en temps normal et en temps de crise et à renouveler les consensus locaux sur la gestion des ressources en eau.

Plus largement, il facilite la confiance entre les acteurs locaux en leur donnant une vision plus fine de la ressource et la preuve du respect des engagements pris. En contrepartie, les agriculteurs irrigants peuvent espérer rémunérer leurs pratiques environnementales et sécuriser leur accès à l’eau.

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