Or sans approche systémique, les mesures prises pourraient être contreproductives, conduire à une “maladaptation” : en limitant l’impact à un risque donné, on peut générer une nouvelle vulnérabilité sur un autre territoire ou sur certains groupes sociaux. On sait qu’élever une digue risque de reporter le problème plus loin ; se protéger contre les inondations peut rendre plus vulnérable au risque sécheresse ; instaurer une trame verte peut accroitre la pression foncière et donc aggraver la situation de populations socialement fragiles. A terme, ignorer ces interdépendances risque tout simplement d’affaiblir les capacités d’adaptation sur les territoires.
Le projet MAGIC vise à étudier les différents transferts de vulnérabilité de façon possibles, en modélisant les réactions d’une société artificielle, à partir de données concernant les territoires et les populations de littoraux, zones souvent très vulnérables tant en termes de démographie que d’inondation ou d’érosion côtière. Il accorde une attention toute particulière aux questions d’attachement des gens à leurs lieux de vie et à la construction des choix d’adaptations, à partir d’enquêtes dans trois pays (Grande-Bretagne, Afrique du Sud et France). Pour ce qui concerne la France, sur 20km de côte entre Montpellier et la Camargue, nous interrogeons acteurs institutionnels, agriculteurs, viticulteurs, riverains pour évaluer leur perception du changement climatique et leur réaction face à diverses mesures d’adaptation.
L’intérêt du partenariat est notamment de formaliser un modèle applicable à différents pays, a priori aussi extrapolable à d’autres types de territoires pour parvenir à favoriser ce qu’on appelle la résilience des socio-écosystèmes. C’est un des points forts de l’équipe française (dont 4 agents de l’UMR G-EAU, 1 post doc et 1 doctorante) qui mobilise des chercheurs en économie, science politique, géographie et écologie. Le projet aboutira en 2017. En précisant les vulnérabilités générées par les différentes mesures d’adaptation, il devrait permettre de relever le défi de l’adaptation en limitant les effets pervers.
© Photos : Olivier Barreteau