Les eaux des aquifères profonds constituent la ressource exclusive pour l'alimentation en eau potable sur le territoire de Bordeaux Métropole. Toutefois elles se voient menacées par la croissance démographique et les effets du changement climatique. La valorisation de ressources d'eau alternatives, telles que les nappes superficielles et les eaux pluviales, peut substituer une partie des usages présents ou futurs actuellement couverts par le réseau d'eau potable. Différents types de solutions innovantes de gestion des eaux pluviales sont à l'étude, en particulier les Solutions fondées sur la Nature (SfN), qui ont la particularité de pouvoir proposer des solutions d’infiltration des eaux pluviales, mais aussi de fournir des solutions à d’autres enjeux urbains concomitants, centres d’attention des stratégies de la métropole (lutte contre les îlots de chaleur, préservation de la biodiversité, capture de polluants, …).

La thèse consiste en une évaluation économique de ces solutions, en intégrant à leurs coûts et bénéfices les différents services écosystémiques qu’elles génèrent. Une particularité de cette approche est de prendre en compte la diversité des coûts et co-bénéfices issue de la répartition spatiale des SfN sur le territoire. Cette approche économique a pour vocation de fournir un cadre d'aide à la décision à Bordeaux Métropole pour arbitrer entre différentes stratégies de développement de ces solutions innovantes et notamment raisonner leur répartition spatiale. Pour ce faire, une méthodologie d’évaluation spatialement explicite est mise en place et mobilise diverses méthodes économiques : optimisation multi-objectif, analyse coût-bénéfices, analyse multicritère, méthodes d’évaluation contingente, expérience de choix.

 
 

Mots clés : économie de l’environnement, services écosystémiques, solutions fondées sur la nature, optimisation multi-objectif, expérience de choix, gestion des eaux pluviales.

 

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Les Solutions fondées sur la Nature génèrent de multiples bénéfices pour les villes 
Source : Agence de l’Eau Rhin Meuse

 

 

 

 

 

Résumé :

exploit agr 2020 Exploitation agricole à base des eaux souterraines et des eaux des crues (©Khardi, 2020)

 

 

Le développement de l’agriculture irriguée dans les régions arides est souvent accompagné d’une exploitation intensive des eaux souterraines. Ce développement peut également être à l’origine de réallocations considérables de la ressource en eau de surface et souterraine à l’échelle du bassin versant. Cette thèse prend les innovations de mobilisation des eaux d’irrigation comme point d’entrée pour appréhender les pratiques d’adaptation au manque d’eau à l’échelle du territoire oasien Todgha-Ferkla au Sud-Est du Maroc et elle entreprend une concertation territoriale sur l’avenir de la gestion de l’eau moyennant une démarche participative. Deux innovations récemment introduites sur le territoire de Todgha-Ferkla ont été identifiées et analysées : (i) le captage des eaux de crues dans un bassin en terre pour la recharge de la nappe et l’irrigation à l’échelle de l’exploitation agricole ; (ii) l’association du système de khettara au pompage solaire dans la nappe sous-jacente dans les anciennes oasis. Des enquêtes de terrains, l’analyse d’images satellitaires, un suivi piézométrique multi-site et une modélisation analytique de la recharge ont été menés entre 2020 et 2023. En parallèle, un processus participatif impliquant un panel mixte d’acteurs a été conçu et mené afin d’établir un diagnostic factuel de la disponibilité des ressources en eau afin de coconstruire des solutions consensuelles pour une gestion durable de l’eau à l’échelle du territoire. Notre recherche a montré que l’usage conjugué des eaux de crues à l’échelle de l’exploitation agricole pour l’irrigation des palmiers dattiers et pour la recharge de la nappe permet de minimiser les pertes par évaporation. La modélisation analytique basée sur les mesures de terrain a montré que la recharge à partir du bassin de captage des crues a un effet sur la piézométrie spatialement et quantitativement très limité en raison de l’hydrogéologie de la zone. En outre, l’irrigation pourrait contribuer à la recharge de la nappe lorsqu’elle est prolongée sur plusieurs semaines grâce à l’arrivée de plusieurs crues rapprochées dans le temps. Quant à l’association du pompage par énergie solaire et du système traditionnel de la khettara, elle permet de sauvegarder l’accès et la gestion collective des eaux souterraines. Ainsi, l’organisation sociale autour de la ressource en eau souterraine est maintenue tant que la baisse accélérée des niveaux piézométriques ne ralentit pas le pompage provisoirement salvateur. L’analyse des innovations et les résultats de la concertation territoriale montrent que ce territoire est le siège d’une course à l’eau généralisée et non régulée, qui pourrait mettre en péril à terme toute forme d’agriculture, en premier lieu dans les parties les plus à l’aval du bassin versant. Les adaptations individuelles constatées apportent des améliorations locales mais restent tributaires des autres activités à l’échelle du bassin versant. La concertation territoriale révèle la nécessité de concevoir et de mettre en exergue un nouveau modèle de gouvernance de l’eau en vue d’assurer une gestion durable de ces oasis. De manière générale, la présente thèse contribue à la compréhension des pratiques d’irrigation et de leur mode de gestion dans le territoire oasien de Todgha-Ferkla et apporte des éléments de réflexion au débat national pour durabiliser la gestion de l’eau dans les oasis.

 

oasis 2020 1 Oasis traditionnelle alimentée par la ‘Khettara’ (©Khardi, 2020)

 

 

Mots clés : oasis, extensions agricoles, irrigation, recharge de la nappe, khettara, innovations, concertation territoriale, eau au Maroc

 

Résumé :

Les zones humides temporaires sont des espaces de transition entre milieux aquatique et terrestre, souvent difficiles à appréhender. Historiquement, elles étaient perçues comme sous-valorisées, nécessitant un assainissement pour soustraire la terre à l’eau afin de rendre possible une mise en valeur agricole intensive. Ces zones sont également de plus en plus reconnues comme des espaces de l’eau importants pour le soutien de la biodiversité, la séquestration du carbone et la régulation des crues. Cependant, ces visions contrastées de milieu terrestre (à condition d’être assaini) ou de milieu aquatique (à condition d’être protégé et restauré) font abstraction du fait que des communautés locales vivent et exploitent ces milieux en transition. Ces usages, adaptés à ces milieux, sont souvent invisibles pour les acteurs institutionnels créant des conflits sur leur légitimité. Cette thèse analyse la pluralité des rôles des zones humides temporaires et vise à comprendre comment les visions des acteurs façonnent ces zones. La thèse se déroule dans les merjas de la zone centrale de la plaine du Gharb (Sidi Ameur, Bokka, Kebira, Jouad-Tidjina), qui 100 ans après le début de l’aménagement hydro-agricole de la plaine, sont toujours dans une situation conflictuelle sur les usages actuels et leur devenir. La thèse a abouti à trois résultats principaux. Tout d’abord, l’approche par les services écosystémiques dévoile les antagonismes entre acteurs sur les rôles des merjas. Pour les acteurs institutionnels, les merjas ont un destin régional voire national, comme futurs périmètres irrigués, ou alors comme zones tampons pour réguler les crues. Les communautés locales éprouvent un sentiment d’attachement à la terre et valorisent la production agricole des merjas. Cependant, ces usages restent invisibles pour les acteurs institutionnels. Malgré le débat international sur l’importance des zones humides temporaires pour la biodiversité et le stockage de carbone, ces dimensions restent cantonnées à des merjas permanentes, en dehors de la zone centrale. L’approche sociohydrologique montre que les ontologies binaires considérant les merjas soit comme des terres assainies ou des zones tampon pour réguler les crues ne concordent pas avec leur fonctionnement dynamique. Les résultats de la télédétection ont révélé que la submersion des merjas dépend surtout des conditions locales (topographie, pluie locale, proximité de point de débordement, degré d’hydromorphie du sol, configuration géomorphologique), expliquant l’adaptation des communautés locales à la présence de l’eau tout en revendiquant l’accès à la terre. Enfin, l’approche d’ingénierie de la concertation a rendu visible la vision des communautés locales sur les usages actuels en les engageant, au même plan que les acteurs institutionnels, dans un processus de réflexion et de négociation sur les scénarios d'aménagement. Les résultats de l’approche montrent que l’aménagement hydro-agricole des merjas doit se faire en concomitance avec l’assainissement de l’assise foncière. La démarche méthodologique de la thèse, conçue pour ce milieu complexe de transition, pourra être mobilisée dans des territoires fluides et marqués par des relations conflictuelles entre des acteurs convoitant ses ressources.

 

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Merja Ras Daoura (merja côtière) - (© Choukrani, 2018)
Merja Sidi Mohammed Benmansour (merja côtière) - (© Choukrani, 2018)

 

Mots-clés : services écosystémiques, sociohydrologie, ingénierie de la concertation, zones humides temporaires, milieux en transition, merjas, plaine du Gharb, Maroc

Le séminaire ICIREWARD Unesco-SHS du mercredi 13 décembre  sur le thème : "Pollutions agricoles des eaux littorales : les savoirs en action" a permis d’écouter les travaux de Alix Levain et Magalie Bourblanc, discutés par Christelle Gramaglia (sociologue à l’UMR GEAU).

 

  • Alix Levain est anthropologue (CNRS, UMR 6308 AMURE).

Elle présentera « Au-delà du déni : les agriculteurs bretons et l’imputation des causes des marées vertes en Bretagne »

Bien peu de territoires échappent aujourd’hui en Europe aux pollutions agricoles diffuses, et à la polarisation très forte du débat public entre des positions critiques des systèmes de production qui les génèrent d’une part, et ce qui est souvent qualifié de « déni » des agriculteurs d’autre part. Comment aller plus loin dans la compréhension de ce qui se joue autour de ces pollutions pour les agricultrices et agriculteurs ? Comment comprendre la façon dont s’articulent leur expérience quotidienne des effets de ces pollutions et le sens qu’elles et ils leur donnent ? A partir d’une enquête au long cours dans trois territoires ruraux et littoraux touchés par les marées vertes en Bretagne, Alix Levain proposera d’historiciser cette expérience et de relire le « déni » des agriculteurs à l’aune de la théorie de la dissonance cognitive : les processus de réduction de la dissonance cognitive qui sous-tendent le rejet du lien entre pratiques agricoles et pollutions aquatiques constituent en effet un outil puissant de repérage et de description des tensions cognitives au sein des sociétés post-rurales. En ce sens, ils rendent possible une forme alternative d’appréhension des situations de controverse environnementale prenant en compte la complexité de l’expérience de l’écologisation.

 

  • Magalie Bourblanc est politiste (CIRAD, UMR G-EAU).

Elle présentera : « Mise en problème et mise en cause : Le rôle de l'expertise scientifique dans la mise à l'agenda politique des pollutions agricoles sur une lagune du littoral méditerranéen »

L’état écologique de l’étang de l’Or (Occitanie) est réputé être particulièrement dégradé depuis les années 1990. En dépit de l’existence de programmes d’action réglementaires ou volontaires depuis les années 2000, la reconquête de la qualité des eaux n’a pas permis d’obtenir, jusqu’à présent, de résultats probants, ce qui contraste assez fortement avec la success story de la lagune voisine de l’étang de Thau. Dans ce contexte, Magalie Bourblanc évoquera la manière dont le déploiement de savoirs experts contribue à la fois à la mise à l’agenda des pollutions agricoles et au traitement renouvelé de ces questions, notamment en permettant de dépasser, en partie, leur caractère diffus.

La thèse s’inscrit dans cette prise de conscience globale de la valeur de l’eau, l’or bleu, écho des Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’ONU pour un avenir meilleur et plus durable pour tous. L’agriculture en Europe et dans le monde est le poste le plus consommateur d’eau. L’utilisation d’eaux usées traitées (‘reuse’) s’avère une solution possible.

Vendredi 08 décembre 2023 à 11h00, Claire Micklethwaite nous a présenté ses travaux intitulés "Qualité et gestion des données : mise en place d’un plan de gestion de données pour la plateforme PRESTI : comment avons-nous réussi à mettre en place des bonnes pratiques concernant la production de données et archiver celles produites précédemment"

 

schema Résumé : La plateforme de PRESTI a récemment été reconnue en tant qu’infrastructure expérimentale et dans ce cadre-là, elle doit commencer à se conformer aux exigences INRAE concernant la sauvegarde des données : que ce soit dans l’archivage mais surtout dans l’enregistrement des données produites récemment. L’objectif, bien qu’il s’agit de valider le statut de IE pour PRESTI, est d’également limiter la perte de données (suite au départ de stagiaires ou de CDD par exemple) et de faciliter la réutilisation de ces dernières.

Mon travail a consisté à faire un inventaire des données existantes, d’amorcer un travail d’archivage et de mettre en place des normes de production et d’enregistrement des données. Toutes ces actions ont été rendues complexes par la grande hétérogénéité des données et le fait que je n’avais pas manipulé une grande partie des données produites (notamment celles des thèses).

En commençant par faire un point sur les exigences d’INRAE par rapport aux objectifs nationaux de science ouverte je parlerai ensuite de ce que j’ai mis en place pour PRESTI :  de la normalisation de la nomenclature, à la création de fichier type and passant par la rédaction des métadonnées, rédaction du plan de gestion de données (PGD)…

La gestion qualitative des données va au-delà des principes de la science ouverte et devient un gage de qualité pour toute plateforme de recherche. J’espère que mon travail pourra aider d’autres plateformes à mettre en place des bonnes pratiques concernant la production des données de recherche… 

Vendredi 1er décembre 2023 à 11h00, Mahmoud MAAMR, doctorant en sociologie à l’université Moulay Ismaïl de Meknès (Maroc) a présenté ses travaux de thèse intitulés "Rapports de générations à la lumière des dynamiques agricoles et sociales dans les extensions agricoles des oasis ; Cas de l’oasis de Ferkla (Maroc)"

La thèse est effectuée sous la Direction de Zhour Bouzidi (UMI), Marcel Kuper (Cirad) et Pierre-Louis Mayaux (Cirad).

maamr © Photo : Mahmoud MAAMR 

Résumé :

Dès le début des années 1970, de nouvelles extensions agricoles commencent à émerger en lisère des anciens périmètres oasiens de Ferkla. De nombreux profils d’agriculteurs se sont venus s’installer en capitalisant sur un accès déverrouillé à l’eau souterraine, l’argent issu de la migration internationale favorisée durant les années 1960-70, ainsi que l’accès aux terres collectives partagées. Au cours des années, les conditions d’accès à l’installation dans ces extensions changent significativement. Les politiques migratoires sont devenues restrictives dès la fin des années 1990, l’eau souterraine s’est avérée de plus en plus rare, ainsi que l’accès à la terre n’est plus facilement ouvert en raison des prix et des restructurations de marché foncier. Paradoxalement, certaines opportunités sont offertes, particulièrement les généreuses subventions de l’Etat, l’encouragement des jeunes à s’organiser dans les coopératives de prestations de services agricoles ainsi que d’autres opportunités liées à l’évolution des nouvelles technologies de mobiliser les ressources et de commercialisation. 

Face à ce contexte paradoxal, les jeunes cherchent à contourner les contraintes pour saisir des opportunités. De ce fait, ils tendent plutôt à s’installer sur les exploitations déjà établies comme un fondement et chercher leur part des opportunités. Cela les amène à se cohabiter avec leurs aînés qui sont déjà installés dans les extensions. Au cours de cette installation conjointe, un processus de négociation des rapports entre les deux générations, jeunes et vielle, se met en place. En effet, mon projet de thèse s’intéresse à élucider le fonctionnement de ce processus ; les acteurs directs et indirects qui y sont impliqués, les moyens mobilisés pour la négociation ainsi que ses débouchés sur ces rapports eux-mêmes et sur l’agriculture oasienne. 

Ce vendredi 17 novembre à 11h, Leo Bire nous a présenté son projet de thèse intitulé « Participation, Simulation, Pouvoir. Comprendre les modalités de circulation du pouvoir à l'oeuvre dans les systèmes d'irrigation au Vietnam ».

Leo débutera sa thèse en sciences sociales/géographie sociale (avec des méthodes interdisciplinaires géographie, anthropologie du développement, sciences de l’informatique) le 1er décembre 2023, sous la direction de Jean-Philippe Venot. Il sera principalement basé au Vietnam à l'université de l'irrigation dans le LMI ACROSS (Advanced Comptuational Research On Sustainability Sciences).

 

bire vietnam web © Photo : Léo Biré

 

 

Résumé : Ce projet de recherche s’intéresse aux systèmes d'irrigation vietnamiens au prisme du « cycle hydro-social » (Budds et al., 2014), c’est-à-dire à travers la manière dont les relations de pouvoir guident les modalités de gouvernance de ces systèmes et la façon dont le pouvoir émerge et circule au sein des catégories d’acteurs qui les composent. Il aborde le thème du pouvoir à travers la gestion participative de la ressource en eau, obligatoire au Vietnam depuis 2004, qui connaît des applications contrastées dans le pays. Ce projet de recherche postule que l’utilisation de jeux sérieux informatisés auprès des acteurs de cette gestion (gestionnaires et irrigants) aiderait à engager le dialogue sur la gestion participative de l’eau, et permettrait la création d'événements propices à l’expression de processus de négociation, autrement difficilement accessibles. La thèse explore donc l’usage des simulations participatives en se situant à l’interface de plusieurs champs de la géographie environnementale, notamment la political ecology, les Socio-Technical System Theories, et certaines logiques propres à l’approche critique de la modélisation d’accompagnement.

 

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